Cryogénie

Onze heures du mat devant mon p’tit dej.
j’ suis déjà tout déboussolé
qu’est-ce qu’il m’arrive ? où cours-je ? où vais-je ?
de quelle planète j’ai hérité ?
la grosse boule bleue à l’air penché
qui nous fait le jour et la nuit
n’a plus rien de bon à m’ proposer
que des guerres et des tsunamis
tout ça c’est vu à la télé
c’est pas moi qui l’ai inventé
j’ tiens l’info de france télévision
Çe que j’ vous dit c’est coulé dans le béton
et moi et moi, moi dans tout ça
moi qui n’ sais même plus qui je suis
moi qui m’ demande ce que je fais là
même si certains crient au génie
cryogÉni…cryogÉnisez-moi
et rÉveillez-moi dans mille ans cryogÉni…cryogÉnisez-moi
pendant qu’il en est encore temps

depuis la mort du dernier dodo
j’ai du mal à trouver le sommeil
et j’ crois qu’ je trouverai pas le repos
a la mort d’ la dernière abeille
les grands pandas, les p’tits manchots
et les bébés ornithorynques
nous regardent fêter les temps chauds
c’est nous qu’on boit, c’est eux qui trinquent
quand les icebergs ne seront plus bons
qu’à rafraîchir l’eau des tropiques
on s’en servira comme glaçons
dans les cocktails des soirées chic
mais à miami comme à saint-trop
l’heure viendra de tout arrêter
faudra fumer la dernière clope
la cigarette des condamnés

on n’ verra rien à la télé
ce sera trop tard pour la regarder
j’ tiens l’info de xipé totec
le grand prédicateur aztèque
mais moi, moi, dans mon bac à glace
loin des hommes et de leurs folies
j’attendrai ceux qui nous remplacent
pour inventer une nouvelle vie
cryogÉni…cryogÉnisez-moi
et rÉveillez-moi dans mille ans cryogÉni…cryogÉnisez-moi
pendant qu’il en est encore temps
en espérant toutefois
que les fauteurs de catastrophes
n’aient pas eu la même idée que moi
et n’ se réveillent au même endroit